Histoire

I. L’Ordre de l’Etoile

Les historiens estiment que cet Ordre est inspiré de l’Ordre de Notre-Dame de l’Etoile créé en 1022 par Robert le Pieux (considéré comme le premier roi de France thaumaturge).

Le nombre des chevaliers de l’Ordre était de 30. Chaque chevalier portait comme insigne une étoile à cinq branches en broderie d’or.

Il s’agissait d’un Ordre militaire ayant pour but premier d’encourager les Lettres. Mais la Guerre de Cent ans lui fut fatale et il disparut sous le règne de Philippe VI de Valois (1293-1349).

Le 16 novembre 1351, quatre ans après la création de l’Ordre de la Jarretière par le roi d’Angleterre Edouard III en 1347 et comme une réponse française, le roi Jean II le Bon recréa l’Ordre de l’Etoile que ses statuts nomment également Ordre de Notre-Dame-de-la-Noble-Maison au double motif du patronage de la Sainte-Vierge et du siège magistral de l’Ordre établi en la demeure royale du Palais de Clichy à Saint-Ouen où se déroula d’ailleurs la cérémonie inaugurale le 6 janvier 1352.

On admet couramment que l’Ordre de l’Etoile fut inspiré par Geoffroy de Charny, l’un des théoriciens médiévaux de l’idéal et de l’état chevaleresques, considéré comme l’un des meilleurs chevaliers de son temps. Geoffroy de Charny est l’auteur de trois ouvrages sur la chevalerie plus précisément écrits à l’attention de ses confrères de l’Ordre de l’Etoile. Il fut porte-oriflamme et conseiller des rois Philippe VI et Jean II. Il fut tué à la bataille de Poitiers le 19 septembre 1356 avec nombre de ses compagnons de l’Ordre de l’Etoile.

Le but et les statuts de l’Ordre prévoyaient d’entourer le roi des meilleurs chevaliers de la noblesse française, d’une fidélité et d’une bravoure à toute épreuve et aussi de discipliner les chevaliers afin de ne pas renouveler le désastre de Crécy.

L’admission dans l’Ordre ne tenait pas compte des exploits « mondains » telle la valeur lors des tournois, mais seuls les mérites personnels démontrés sur le champ de bataille étaient pris en compte.

Comme insignes de l’Ordre, les chevaliers portaient un manteau de damas blanc sur lequel était brodée une étoile d’or à cinq branches.

Ils portaient également un collier fait de trois chaînes entrelacées de roses d’or émaillées alternativement de blanc et de rouge. Au bout de ce collier pendait une étoile à cinq rais au cœur chargé d’un soleil d’or avec cette devise « Monstrant regibus astra viam ».

Les chevaliers de l’Ordre juraient de ne jamais tourner le dos à l’ennemi ni de ne jamais reculer de plus de quatre pas face à lui ; serment qu’ils tinrent notamment à la bataille de Mauron en 1352 et à la bataille de Poitiers en 1356.

Les statuts de l’Ordre stipulaient de même que si un chevalier de l’Ordre s’enfuyait au cours d’une bataille, il restait suspendu de l’Ordre et ne pourrait en porter l’habit tandis que son blason figurerait renversé (le chef en bas) jusqu’à décision contraire du roi et de son conseil ce qui, sur le plan de la symbolique héraldique est la pire des sanctions avant la dégradation de noblesse et de chevalerie accompagnée de la destruction définitive des armoiries.

On peut voir dans cet Ordre l’ancêtre de la Maison du roi, composant l’élite de l’armée royale dont certaines unités assuraient la Garde du Corps du roi comme la fameuse Garde Ecossaise fondée par Charles VII.

Malheureusement, le roi Charles V ouvrit trop généreusement l’admission à l’Ordre, allant jusqu’à supprimer toute cérémonie d’investiture et la remplacer par une simple lettre, ce qui dévalorisa l’Institution qui finit par s’éteindre.

Enfin, il n’est pas sans intérêt de rappeler que l’Ordre de l’Etoile inspira très directement l’Ordre du Nœud appelé dans son intitulé intégral l’Ordre du Saint-Esprit au Droit Désir créé par le roi de Sicile Louis de Tarente au jour de son couronnement le 23 mai (Jour de la Pentecôte) 1352.

II. L’Ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel

Le roi Henri IV s’était converti au catholicisme en 1593 et scellait ainsi son union de foi avec le Saint-Siège. En février 1608, il demanda au Pape Paul V de créer un Ordre pour illustrer cette conversion et, selon les termes utilisés, « pour l’extirpation de l’hérésie ».

Le pape accéda à sa demande et l’Ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel fut créé par la Bulle pontificale du 26 février 1608.

L’insigne en était une croix en or à huit pointes, émaillée amarante, pommetée d’or et ornée d’un médaillon central qui représentait la Vierge du Mont-Carmel.

Le Grand Maître ainsi que les chevaliers avaient le droit de se marier.

Le 4 avril 1608, le roi nomma le Grand Maître de l’Ordre de Saint-Lazare, Philibert de Nérestang, Grand Maître de l’Ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel.

Puis, par Brevet daté du 31 octobre 1608, Henri IV décida d’unir cet Ordre avec celui de Saint-Lazare de Jérusalem, Ordre souverain militaire et hospitalier, né en Terre Sainte vers 1060, « militarisé » quelques années après l’Ordre souverain militaire et hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem (appelé plus tard de Rhodes puis de Malte) et placé par Philippe IV le Bel en 1308 sous la Protection temporelle héréditaire des rois de France. Il est à souligner que, pour bien confirmer qu’en aucun cas l’Ordre de Saint-Lazare n’était supprimé en raison de cette union, Henri IV signa un Brevet dénommé Mandement ou Lettres patentes daté du 29 mai 1609.

Toutefois, le Saint-Siège ne reconnut pas ces nouveaux Ordres unis, car il avait, selon les historiens, l’intention de voir fusionner l’Ordre de Saint-Lazare avec un autre Ordre militaire, comme l’Ordre de Malte.

Aussi, les Grands Maîtres successifs de l’Ordre ne furent reconnus que comme Grands Maître de l’Ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel.

L’insigne des Ordres unis était une croix à huit pointes, émaillée alternativement amarante et vert, bordée d’or, anglée de quatre fleurs de lys d’or avec un médaillon au centre de la croix représentant d’un côté saint Lazare sortant du tombeau, de l’autre la Vierge, entourée de rayons d’or. Cette croix était attachée au col par un ruban vert moiré (depuis 1773).

Louis XIV, lui-même, confirma les privilèges de ces deux Ordres unis par une Déclaration d’avril 1664 et la bulle du cardinal de Vendôme, légat du Pape en France, datée du 5 juin 1668 confirma également et cette union et les privilèges des deux Ordres unis sous une même Grande Maîtrise.

Ces décisions ont été enregistrées pour être exécutées selon l’arrêt du Grand Conseil en date du 18 mai 1669, et les Ordres unis maintenus dans leurs droits avec privilège pour les chevaliers de prendre la qualité de messire et de chevalier par un arrêt du Grand Conseil du 27 février 1672 signé de la main du roi Louis XIV.

Plus tard, le roi Louis XV confirma les Ordres unis en 1722 puis signa le Règlement des Ordres unis en date du 15 juin 1757. Il confirma par Lettres patentes de septembre 1770 les privilèges de ces Ordres unis, réaffirmant à cette occasion que le roi de France en était le Souverain Chef, Fondateur et Protecteur.

Les Ordres réunissaient des militaires issus de la noblesse (huit quartiers de noblesse étaient exigés).

Outre, leur engagement religieux de vie chrétienne et leur action purement militaire, les chevaliers de l’Ordre avaient aussi un rôle hospitalier, notamment envers les vieux soldats.

L’Ordre joua également un rôle de premier plan dans le cadre maritime comme son homologue l’Ordre de Malte. En effet, il participa à la lutte contre les Barbaresques en armant plusieurs bâtiments à Saint-Malo.

Durant tout le XVIIème siècle, l’Ordre a occupé une fonction majeure pour la Marine française puisqu’elle a assuré la protection du littoral breton que la Marine royale ne pouvait protéger à elle seule, en raison de moyens insuffisants.

Au XVIIIème siècle, l’Ordre entretenait des relations diplomatiques avec l’Empire ottoman et les régences d’Afrique du Nord. Le Grand Maître Louis comte de Provence futur Louis XVIII restitua aux Ordres unis leur rôle militaire en leur confiant l’éducation des futurs officiers, tout spécialement en leur confiant l’administration de l’Ecole militaire de Paris.

En 1792, la Révolution française supprima tous les Ordres chevaleresques et religieux et confisqua leurs biens. Cependant, en exil, Louis XVIII n’hésita pas à créer des chevaliers de l’Ordre.

Ces deux Ordres perdureront unis jusqu’en 1830.

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